Les années 1930 à 1960, malgré les difficultés liées à la crise économique, correspondent à la quatrième phase d’industrialisation de Sherbrooke. Durant cette période, de nouvelles industries, principalement textiles et métallurgiques, continuent de s’implanter dans la ville. Cependant, plus les années 1960 approchent, plus l’économie se diversifie. Contrairement aux époques précédentes, le potentiel énergétique de la région ne suffit plus et l’endettement municipal empêche la construction de nouvelles centrales. En 1939, Sherbrooke, doit signer une entente avec la Shawinigan Water and Power Company pour l’achat d’électricité. En 1940, c’est 9 % de l’énergie consommée qui est achetée et, à partir des années 1960, c’est plus de 65 % de l’électricité de Sherbrooke qui provient de Shawinigan[1].
À partir des années 1960, nous assistons à un renversement des pôles économiques. Les industries textiles et métallurgiques, traditionnels phares de la prospérité sherbrookoise, sont victimes du phénomène de désindustrialisation, causé principalement par l’émergence d’une concurrence étrangère[2]. Dès lors, l’économie de service prend la relève. Sherbrooke, de par son rôle de métropole régionale, possède et développe un bon nombre d’institutions de service juridique, financier, hospitalier et éducatif. C’est aussi à cette époque, à partir de 1963, que le Service du gaz et de l’électricité prend le nom d’Hydro-cité-Sherbrooke, puis simplement Hydro-Sherbrooke[3]. Dans la seconde moitié du 20e siècle, la ville continue d’acquérir et de développer parcs et espaces verts. Parmi les plus importants achats, notons le domaine Howard en 1962, le bois Beckett en 1974, et l’agrandissement du Mont-Bellevue. Encore aujourd’hui, Sherbrooke joue le rôle de métropole régionale dont les activités économiques sont majoritairement dans le secteur tertiaire.
Au tournant du 21e siècle, malgré qu’Hydro-Sherbrooke occupe davantage un rôle de distribution que de production d’énergie, la Ville n’a pas oublié l’importance de l’énergie hydroélectrique pour son histoire. Les centrales se transforment en musées et accueillent des visiteurs curieux d’en apprendre plus sur leur histoire et leur rôle joué dans le développement de la ville. De plus, les barrages des gorges de la rivière Magog sont illuminés par des projecteurs multicolores afin de les valoriser et mettre de l’avant leurs fonctions industrielles. « Les installations du barrage Abénaquis assurent une excellente intégration de l’effet inusité de la conduite d’eau et des vestiges du canal de fuite en brique. La mise en lumière des rapides et du bouillonnement de l’eau rappelle la force de cette dernière »[4]. La ville procède également à la construction d’une promenade de trois kilomètres autour d’un réservoir artificiel, le lac des Nations, où les citoyens sont invités à circuler à pied, en vélo et en patin à glace durant l’hiver. La production énergétique des rivières, s’inscrit donc dans le patrimoine collectif et amène la ville à adopter un nouveau slogan : « Sherbrooke : cité des rivières ».
[1] Jean-Pierre Kesteman, La ville électrique. Un siècle d’électricité à Sherbrooke 1880-1988, op. cit., p. 170.
[2] Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke, tome 4 : De la ville ouvrière à la métropole universitaire (1930-2002), Sherbrooke, Éditions GGC, 2002 coll. «Patrimoine», p. 317.
[3] Jean-Pierre Kesteman, La ville électrique, op. cit., p. 201.
[4] Cité des rivières, Cité des rivières de la Ville de Sherbrooke obtiennent une reconnaissance nationale, 2010, [en ligne], www.omaterra.com/mobile/communiques-de-presse/sentier-lumineux-de-la- gorge-de-la-riviere-magog/, consulté le 10 mars 2011.